— Que le diable vous emporte !
— Vous ne restez pas à dîner avec nous ?
— Merci.
— Vous n’embrassez pas Georges ?
— Si fait… Est-elle contente de son succès ?
— Enchantée ! quoique vous l’ayez un peu sacrifiée à Bocage, convenez-en.
— Bon ! ne va-t-elle pas me faire un procès, elle aussi ?
— Elle en a bonne envie, et cela pourra bien arriver, à moins que vous ne lui promettiez de lui faire une pièce.
— Oh ! je le lui promets, qu’à cela ne tienne !
— Elle a une idée.
— Ce n’est pas le Divorce ?
Georges m’avait tourmenté longtemps pour lui faire une pièce sur le divorce de l’empereur.
— Non, soyez tranquille.
Je montai chez elle. Nous nous embrassâmes, comme nous nous embrassons encore aujourd’hui quand nous nous rencontrons.
Je lui racontai toute notre discussion à propos de M. Gaillardet, et j’eus la douleur de voir qu’elle donnait entièrement raison à Harel.
— Alors, c’est bien, dis-je, n’en parlons plus… À propos, que m’a-t-il dit ?
— Harel ?
— Oui.
— Quelque bêtise.
— Justement… Il m’a dit que vous aviez une idée.
— Insolent !
— Une idée de pièce, bien entendu. Peste ! vous avez bien mieux que des idées ; vous avez des caprices.
— Pas pour vous, dans tous les cas !
— C’est bien ce dont je me plains.
J’allai me mettre à genoux devant elle, et, baisant ses belles mains :
— Dites donc, Georges, est-ce que nous aurons le ridicule, aux yeux de la postérité, d’avoir passé l’un près de l’autre