velle querelle avec M. Gaillardet ; et ce qu’il y a de pis, c’est que, cette fois-ci, M. Gaillardet aura raison.
Je pris mon chapeau et ma canne,
— Où vas-tu ?
— Je vais chez Harel. Viens-tu avec moi ?
— Il faut que j’aille à mon bureau.
— Alors, vite une voiture ! je t’y jetterai en passant, à ton bureau.
Cinq minutes après, j’étais chez Harel.
— Ah ! vous voilà ! me dit-il ; vous savez le tour que j’ai joué à Gaillardet ?
— C’est parce que je viens de l’apprendre que j’accours… Comme vous avez eu tort, cher ami !
— Bon ! en quoi ? N’était-il pas convenu que les étoiles précéderaient le nom de M. Gaillardet ? C’est un droit que vous avez : vous êtes de quatre ans plus ancien que lui au théâtre.
— Mais l’usage veut que les étoiles suivent le nom.
— L’usage est un sot, mon cher : ou nous le changerons, ou nous lui donnerons de l’esprit ; nous en avons à nous deux assez pour cela, quand le diable y serait !
— Dites que vous en avez assez à vous tout seul.
— Ah ! vous me trahissez ? vous passez contre moi ?
— Non pas, je reste neutre ; seulement, si M. Gaillardet en appelle à mon témoignage, je serai forcé de dire la vérité.
— Mon cher, nous avons un grand succès ; avec un peu de scandale, nous aurons un succès immense… Si M. Gaillardet réclame, notre scandale est tout trouvé. — Il aura fait quelque chose à la pièce, au moins.
— Harel !
— Ah ! vous êtes charmant ! vous croyez qu’il vous suffit de faire des chefs-d’œuvre, et de dire : « Je n’en suis pas. » Eh bien, que cela vous convienne ou non, tout Paris saura que vous en êtes.
— Allez-vous-en au diable ! je voudrais n’avoir jamais touché à votre maudite pièce… Tenez, on sonne chez vous : je parie que c’est M. Gaillardet.
Harel ouvrit sa porte, et attendit un instant.