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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Il tira alors le traité de son bureau, et me le fit lire.

Voici quel en était le texte :

« Entre MM. Gaillardet et Jules Janin d’une part ;
» Et M. Harel, directeur de la Porte-Saint-Martin, d’autre part ;
» Il a été convenu ce qui suit :
» MM. Gaillardet et Jules Janin remettent et cèdent à M. Harel, pour être joué sur le théâtre de la Porte-Saint-martin, un drame en cinq actes intitulé la Tour de Nesle.
» M. Harel reçoit l’ouvrage, et le fera représenter très-incessamment.

» Fait double à Paris, le 29 mars 1832.

» Signé : F. Gaillardet, J. Janin, Harel. »

Puisque MM. Janin et Gaillardet remettaient et cédaient conjointement leur drame, c’est que M. Gaillardet avait un collaborateur, et que ce collaborateur s’appelait M. Janin.

Or, il avait toujours un collaborateur ; seulement, ce collaborateur ne lui enlevait pas la moitié de ses droits, et ne s’appelait plus ni M. Janin ni autrement, puisqu’il n’était pas nommé.

Je ne puis croire que ce fût la personne de Janin qui fût regrettée par M. Gaillardet ; car lui-même, ainsi qu’on le verra, écrivit plus tard que Janin lui avait été subrepticement imposé.

Harel n’eut point de peine à me convaincre qu’il était dans le droit de m’apporter le drame de M. Gaillardet, puisque le drame lui était remis et cédé.

Le drame n’eût point été refait par moi, et eût été à refaire, que je ne me fusse certes pas mis à l’œuvre ; mais c’était chose faite en conscience et de bonne foi. Le salut du théâtre, ruiné par les émeutes et le choléra, reposait entièrement sur l’ouvrage. Je fus le premier d’avis qu’il fallait attendre l’arrivée de M. Gaillardet.