Page:Dumas - Mes mémoires, tome 9.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
168
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Soignez le rôle de Georges.

— Harel !

— Adieu.

Harel était parti.

— Ah ! l’animal ! murmurai-je en retombant sur mon oreiller, il me donnera une rechute.

Une heure après, comme l’avait dit Harel, Verteuil était à la maison.

Il croyait me trouver levé et convalescent ; il me trouva au lit, brûlé de fièvre, et maigri de vingt-cinq livres.

Je lui fis peur.

— Oh ! me dit-il, vous n’allez pas travailler dans cet état ?

— Que diable voulez-vous, mon cher ! puisque Harel l’exige !

— Non, je remporte le manuscrit, et je dis à mademoiselle Georges que c’est impossible, à moins de vous tuer.

— Y a-t-il quelque chose dans ce manuscrit ?

— Sans doute, il y a quelque chose ; mais…

— Mais quoi ?

— Dame ! vous verrez… Je n’ose pas dire.

— Alors, laissez-moi cela ; je le lirai.

— Quand ?

— À mon loisir. Est-ce bien écrit, au moins ?

— C’est recopié par moi ?

— Bon !

— Je ne vous ai apporté que la copie du manuscrit de Janin, pour que vous perdiez le moins de temps possible.

— Y a-t-il une grande différence entre les deux manucrits ?

— Comment l’entendez-vous ?

— Au fond.

— C’est la même chose, à part une ou deux tirades ajoutées par Janin.

— Et dans la forme ?

— Dame ! il y a le style, vous savez, c’est pimpant, brillant, cassant.

— Je verrai cela.