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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

à Soulié quelques jours auparavant, et je l’avais utilisé, le trouvant drôle.

Ce me fut une nouvelle preuve de cette vérité, que ce qui s’encadre admirablement dans l’esprit de l’un jure dans celui de l’autre.

Je cherche dans tous les journaux le compte rendu de la représentation, et je n’en trouve de trace que dans l’Annuaire historique de Lesur, et dans la Gazette de France.

Mes lecteurs me permettront de mettre sous leurs yeux cette double appréciation que la critique fait de l’ouvrage ; elle est courte et sincère. Voici celle de Lesur :

« Théâtre-Français. — Représentation au bénéfice de mademoiselle Dupuis… »

D’abord, Lesur se trompe : c’est de mademoiselle Dupont qu’il eût fallu dire.

« Le Mari de la veuve, comédie en un acte en prose, par M***.

» Jamais, peut-être, salle de spectacle n’offrit un aspect plus triste et une assemblée moins nombreuse un jour de représentation à bénéfice. Le choléra avait envahi Paris ; la ville était en proie à la terreur, l’émeute courait les rues, le rappel battait à l’heure de l’ouverture des bureaux. Il n’y eut donc, ce soir-là, que très-peu de spectateurs assez hardis pour aller respirer le camphre et le chlore dans la solitude du Théâtre-Français, et juger par eux-mêmes du mérite de la pièce nouvelle. Sous ce rapport, les absents n’ont guère perdu.

» Quelques détails agréables, quelques mots spirituels et le talent de mademoiselle Mars doivent soutenir ce léger ouvrage pendant une dizaine de représentations.

» L’auteur, qui, sans doute, ne s’aveuglait pas sur l’importance de sa pièce, a gardé l’anonyme. »