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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

le roi avait voulu descendre dans le caveau, pour voir sa fiancée morte, ne pouvait-elle pas, elle, descendre dans ce tombeau, pour voir son fiancé mort ?

« Ce qui avait failli arriver pour le roi ne pouvait-il pas arriver pour la sœur, c’est-à-dire qu’Ethelwood… ? »

Je pris la main de mademoiselle Mars.

— La pièce est faite, lui dis-je : elle s’appellera Catherine Howard. — Merci ! grâce à vous, je tiens la fin… Où sont mes amis, que je leur annonce cette bonne nouvelle ?

Mes amis étaient loin. Ils s’étaient fait montrer une porte dérobée par laquelle ils fussent sûrs de fuir sans me rencontrer.

Le lendemain, je reçus une lettre du secrétaire de la Comédie-Française, qui m’invitait à venir reprendre le manuscrit.

« Flanquez-le au feu ! » lui répondis-je.

Je ne sais s’il a fait selon mes instructions ; mais ce que je sais, c’est que je ne l’ai jamais revu, et que les seuls vers dont je me souvienne sont les deux et demi que j’ai cités.

On les immola tous, sire : — ils étaient trois mille !

Et voilà comment fut enterrée la belle Édith aux longs cheveux.

Nous dirons, dans son lieu et place, comment vint au monde sa sœur, Catherine Howard, qui ne valait pas beaucoup mieux qu’elle, et qui mourut à la fleur de son âge, en l’an de grâce 1834.