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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

ment il lui a fait prendre un narcotique, comment il l’a endormie ; il lui révèle ce qu’il lui avait caché jusqu’alors, c’est-à-dire qu’il est un des premiers seigneurs de l’état ; mais cela ne suffit plus à Édith ! il lui raconte que, pendant son sommeil, le roi est descendu dans son caveau, a prié à genoux près de ce corps adoré qu’il prenait pour un cadavre ; et que lui, Éthelwood, en proie à toutes les angoisses du désespoir, attendait, un poignard à la main, le premier mouvement d’Édith et le premier soupçon du roi pour poignarder le roi.

Au milieu du récit du pauvre fou, Édith ne suit que sa propre pensée. Le roi l’aime ! Pourquoi, au lieu d’être la femme du favori du roi, ne serait-elle pas la femme du roi ?…

Le roi, pendant qu’il était sur cette tombe, ne lui a-t-il point passé au doigt son anneau de fiançailles ?… Un anneau, c’est une couronne en petit !

Cependant, il faut sortir de cette tombe, qui pèse si fort sur la poitrine d’Édith, et profiter de la nuit pour gagner le château d’Éthelwood. Éthelwood va explorer les environs ; puis, si le chemin est solitaire, il reviendra chercher Édith.

Édith reste un instant seule. Cet instant, elle l’emploie à chercher la trace des pieds du roi sur les dalles humides, les traces de sa main sur le marbre glacé. Dans ce court instant, elle dévoile tout son cœur, abîme d’ambition où s’est englouti l’amour.

Éthelwood revient la chercher.

C’est presque à regret qu’elle quitte ce tombeau, où un roi l’a baisée au front, et a passé une bague à son doigt.

À l’acte suivant, on est au château du comte. Édith semble heureuse… Éthelwood est heureux.

On annonce l’arrivée du roi. Que vient-il faire chez le comte ?

Édith le saura ; car, obligée de se cacher pour ne pas être vue du roi, elle se cachera de manière à ne pas perdre un mot de ce qu’il dira au comte.

Le roi est profondément atteint. Comme tout cœur blessé, son cœur cherche la lutte ; la guerre avec la France va offrir