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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Tu vois.

— Ah ! tu es bon ! Est-ce là dedans que tu as pris tes notes pour Henri III ?

Henri-Trois, de Pologne, en France est ramené,
Redoute les ligueurs, et meurt assassiné.

— Non, c’est dans l’Estoile, dans Brantôme, dans d’Aubigné, dans la Confession de Sancy ; mais je ne sache pas qu’il y ait quelque chose de pareil sur Mérovée ou Clovis.

— D’abord, on ne dit pas Mérovée et Clovis.

— Comment dit-on ?

— On dit Méro-Wig et Hlode-Wig ; ce qui signifie éminent guerrier et guerrier célèbre.

— Où as-tu vu cela ?

— Parbleu ! dans les Lettres sur l’histoire de France, par Augustin Thierry.

— Les Lettres sur l’histoire de France, par Augustin Thierry ?

— Oui.

— Où les trouve-t-on ?

— Partout.

— Combien cela coûte-t-il ?

— Peut-être dix francs, douze francs, je ne sais pas bien.

— Te charges-tu de m’acheter cela, et de le faire envoyer en sortant ?

— C’est la chose du monde la plus facile.

— Connais-tu d’autres livres sur cette époque-là ?

— Il y a les Études historiques, de Chateaubriand, puis les sources.

— Quelles sources ?

— Les auteurs de la décadence, Jornandès, Zozime, Sidoine Apollinaire, Grégoire de Tours.

— Tu as lu tous ces auteurs-là ?

— Oui, en partie.

— Et l’abbé Gauthier ne les avait pas lus ?

— D’abord, il n’avait pas pu lire Augustin Thierry, qui a écrit surtout depuis sa mort. Quant à Chateaubriand, il était son contemporain, et les historiens ne lisent jamais leurs con-