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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS


» — Le mystère d’amour est accompli : — tous sont appelés ! — tous sont élus ! — tous sont réhabilités !
» Voilà ce que j’ai vu sur l’arche sainte, et, peu de temps après, l’abîme se voila, et celui qui est, m’imposant les mains, dit :
» — Va, mon frère, quitte tes habits de fête ; endosse la tunique de l’ouvrier ; suspends à tes reins le marteau du travailleur ; car celui qui ne marche pas avec le peuple ne marche pas avec moi, et celui qui ne partage pas son labeur est l’ennemi de Dieu… Va, et sois un fidèle apôtre de l’unité !
» Et j’ai répondu :
» — C’est la foi dans laquelle je veux vivre, et que je suis prêt à sceller de mon sang ?
» Et, quand je m’en suis allé, le soleil commençait à monter sur l’horizon.
» Celui qui fut Caillaux.
» Juillet 1840. »

Telle est l’apocalypse du principal, et nous dirons même de l’unique apôtre du Mapah.

J’avais commencé à l’écrire en me promettant d’en retrancher les trois quarts, et je l’ai reproduite presque entièrement. J’avais commencé à l’écrire la raillerie au bout de ma plume, et je n’ai pas eu le courage de railler ; car, au milieu de tout cela, il y a un grand dévouement, une poésie réelle, de nobles pensées.

Qu’est devenu l’homme qui a écrit ces lignes ? Je n’en sais rien ; mais, sans doute, il n’aura pas failli à la foi dans laquelle il voulait vivre, et qu’il était prêt à sceller de son sang

Il faut qu’une société soit bien malade, bien disloquée, bien désorganisée, pour que des hommes d’une pareille intelligence n’y trouvent pas d’autre ressource que de se faire dieu — ou apôtre !