(Il ouvre le cabinet.)
jenny. — Ah !
richard, la saisissant par le bras. — Qui est là ?
jenny. — Moi, moi, Richard… Ne me faites point de mal !
richard, l’attirant sur le théâtre. — Jenny ! mais c’est donc un démon qui me la jette à la face toutes les fois que je crois être débarrassé d’elle ?… Que faites-vous ici ? qui vous y ramène ? Parlez vite…
jenny. — Mawbray !
richard. — Mawbray ! toujours Mawbray ! Où est-il, que je me venge enfin sur un homme ?
jenny. — Il est loin… bien loin… reparti pour Londres…… Grâce pour lui !
richard. — Eh bien ?
jenny. — Il a arrêté la voiture.
richard. — Après ?… Ne voyez-vous pas que je brûle ?
jenny. — Et moi, que je…
richard. — Après ? vous dis-je !
jenny. — Ils se sont battus.
richard. — Et ?…
jenny. — Et Mawbray a tué Tompson.
richard. — Enfer !… Alors, il vous a ramenée ici ?
jenny. — Oui… oui… pardon !
richard. — Jenny, écoutez !
jenny. — C’est le roulement d’une voiture.
richard. — Cette voiture…
jenny. — Eh bien ?
richard. — Elle amène ma femme et sa famille.
jenny. — Votre femme et sa famille !… Et moi, moi, que suis-je donc ?
richard. — Vous, Jenny ? vous ?… Vous êtes mon mauvais génie ! vous êtes l’abîme où vont s’engloutir toutes mes espérances ! vous êtes le démon qui me pousse à l’échafaud, car je ferai un crime !
jenny. — Oh mon Dieu !
richard. — C’est qu’il n’y a plus à reculer, voyez-vous ! vous n’avez pas voulu signer le divorce, vous n’avez pas voulu quitter l’Angleterre…
jenny. — Oh ! maintenant, maintenant, je veux tout ce que vous voudrez.
richard. — Eh ! maintenant, il est trop tard !
jenny. — Qu’allez-vous donc faire alors ?