Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
240
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Mais où diable mettre ces chiffons ? Ah ! ce cabinet… j’en retirerai la clef.

(Il ouvre le cabinet.)

jenny. — Ah !

richard, la saisissant par le bras. — Qui est là ?

jenny. — Moi, moi, Richard… Ne me faites point de mal !

richard, l’attirant sur le théâtre. — Jenny  ! mais c’est donc un démon qui me la jette à la face toutes les fois que je crois être débarrassé d’elle ?… Que faites-vous ici ? qui vous y ramène ? Parlez vite…

jenny. — Mawbray !

richard. — Mawbray ! toujours Mawbray ! Où est-il, que je me venge enfin sur un homme ?

jenny. — Il est loin… bien loin… reparti pour Londres…… Grâce pour lui !

richard. — Eh bien ?

jenny. — Il a arrêté la voiture.

richard. — Après ?… Ne voyez-vous pas que je brûle ?

jenny. — Et moi, que je…

richard. — Après ? vous dis-je !

jenny. — Ils se sont battus.

richard. — Et ?…

jenny. — Et Mawbray a tué Tompson.

richard. — Enfer !… Alors, il vous a ramenée ici ?

jenny. — Oui… oui… pardon !

richard. — Jenny, écoutez !

jenny. — C’est le roulement d’une voiture.

richard. — Cette voiture…

jenny. — Eh bien ?

richard. — Elle amène ma femme et sa famille.

jenny. — Votre femme et sa famille !… Et moi, moi, que suis-je donc ?

richard. — Vous, Jenny ? vous ?… Vous êtes mon mauvais génie ! vous êtes l’abîme où vont s’engloutir toutes mes espérances ! vous êtes le démon qui me pousse à l’échafaud, car je ferai un crime !

jenny. — Oh mon Dieu !

richard. — C’est qu’il n’y a plus à reculer, voyez-vous ! vous n’avez pas voulu signer le divorce, vous n’avez pas voulu quitter l’Angleterre…

jenny. — Oh ! maintenant, maintenant, je veux tout ce que vous voudrez.

richard. — Eh ! maintenant, il est trop tard !

jenny. — Qu’allez-vous donc faire alors ?