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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Oui, je vois tout le reste de la pièce, et, en vos mains, cela ne peut venir qu’à bien.

— Et quelle est cette chose qui vous inquiète ?

— Le dénoûment.

— Comment, le dénoûment ? Mais nous l’avons trouvé, Mawbray se présente comme témoin, et dit à Richard, près de signer : « Tu es mon fils, et je suis le bourreau ! » Richard tombe à la renverse, et un coup de sang l’envoie à tous les diables, où il mérite bien d’aller.

— Non, ce n’est point cela, dit Goubaux en secouant la tête.

— Qu’est-ce donc, alors ?

— C’est la façon dont il se débarrassera de sa femme.

— Ah ! dis-je. Et vous n’avez aucune idée là-dessus ?

— J’avais bien l’idée de la lui faire empoisonner en prenant le thé.

Je secouai la tête à mon tour.

— Il faut que la mort de Jenny soit, non pas une chose réfléchie, mais une chose de situation, un acte d’emportement.

— Eh ! oui, je le sens bien… Mais un coup de poignard… Richard n’est pas un Antony, Richard ne porte pas un poignard dans la poche de son habit !

— Aussi, dis-je, il ne lui donnera pas un coup de poignard.

— Mais, s’il ne l’empoisonne pas, s’il ne lui donne pas un coup de poignard, que lui fera-t-il ?

— Il la f… par la fenêtre !

— Hein ?

Je répétai.

— Je croyais avoir mal entendu, dit Goubaux.

— Non.

— Mais vous êtes fou, mon cher ami !

— Laissez-moi faire.

— Mais c’est impossible !

— Je vois la scène… Au moment où Richard croit Jenny enlevée par Tompson, il la retrouve cachée dans le cabinet