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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

dans mon refus rien qui puisse blesser les auteurs d’une Liaison, auxquels je dois personnellement des remercîments pour leurs bonnes relations avec moi.
» Agréez, etc.
Marie Dorval. »

C’était là le côté sérieux et triste de la situation, puis, lorsqu’elle eut accompli ce devoir envers elle-même, — et surtout envers sa famille, dont elle était l’unique soutien, — Dorval voulut remercier M. Jay à sa façon, ne doutant point que je ne susse, de mon côté, un jour ou l’autre, le remercier à la mienne.

Je retrouve le fait que je vais raconter consigné dans un album que la pauvre femme me remit en mourant, et que j’ai précieusement conservé :

« Le 28 avril 1834, Antony, pour mes débuts, a été défendu au Théâtre-Français, à la sollicitation ou plutôt sur la dénonciation de M. Antoine Jay, rédacteur du Constitutionnel.

» J’ai eu l’idée de lui envoyer une couronne de rosière. J’ai mis cette couronne dans un carton, avec une petite lettre ; le tout attaché par une faveur blanche.

» La lettre contenait ces mots :

« Monsieur,

» Voici une couronne jetée à mes pieds dans Antony permettez-moi de la déposer sur votre tête. Je vous devais cet hommage.

Personne ne sait davantage
Combien vous l’avez mérité !
» Marie Dorval. »

Au-dessous de la signature de cette bonne et chère amie, je retrouve encore les deux lignes et la lettre suivantes :