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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

donnait, concurremment avec la Porte-Saint-Martin, le Théâtre-Français, et dites-moi, pendant cette période de quatre ans, quelles sont les pièces dont on se souvient et qui sont restées au répertoire ?

Théâtre-Français : — Charlotte Corday, — Camille Desmoulins, — le Clerc et le Théologien, — Pierre III, — le Prince et la Grisette, — le Sophiste, — Guido Reni, — le Presbytère, — Caïus Gracchus, ou le Sénat et le Peuple, — la Conspiration de Cellamare, — la Mort de Figaro, — le Marquis de Rieux, — les Dernières Scènes de la Fronde, — Mademoiselle de Montmorency.

Théâtre de la Porte-Saint-Martin : — Antony, — Marion Delorme, — Richard Darlington, — la Tour de Nesle, — Perrinet Leclerc, — Lucrèce Borgia, — Angèle, — Marie Tudor, — Catherine Howard.

Il est vrai que nous trouvons, — sans compter les Enfants d’Édouard et Louis XI de Casimir Delavigne, Bertrand et Raton et la Passion secrète, de Scribe, qui viennent protester contre cette moisson d’ouvrages inconnus, oubliés, enterrés, jetés dans la fosse commune sans épitaphe sur leur tombe, — il est vrai, dis-je, que nous trouvons quatre ou cinq pièces de plus qu’à la Porte-Saint-Martin ; mais cela ne prouve pas que l’on jouait les pièces du Théâtre-Français plus longtemps que celles de la Porte-Saint-Martin, surtout si l’on veut bien réfléchir que le Théâtre-Français ne joue ses pièces nouvelles que de deux jours l’un, et donne, par an, cent cinquante représentations de l’ancien répertoire !

Vous aviez donc parfaitement raison, monsieur l’académicien c’était à la Porte-Saint-Martin, et non au Théâtre-Français, que devait être accordée la subvention, attendu que, à part deux ou trois ouvrages, c’était à la Porte-Saint-Martin que se produisait la véritable littérature.

Nous reprenons, ou plutôt l’illustre publiciste reprend :

« Si la chambre des députés ne paraissait pas si pressée de voter les lois de finances, nous pourrions espérer que, dans une matière aussi grave, qui se lie si intimement au bon