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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

qu’il n’a que faire de ses dons ? Si la plaisanterie est excellente, en est-elle moins punissable ? Et la pièce où l’on fait aimer le fils insolent qui se la permet en est-elle moins une école de mauvaises mœurs[1] ?

Tâtons un peu de l’anonyme : — c’est sur Don Juan et sur Tartufe, cette fois ; — puis, de là, nous retournerons à un nom connu, à un poëte tout de lait, à un orateur tout de miel.

Commençons par l’anonyme.

Voyez comme déjà le précepte d’Horace était en usage à cette époque : Sucrez les bords de la coupe, pour que la liqueur soit moins amère !

« J’espère ; dit le critique, que Molière recevra ces observations d’autant plus volontiers, que la passion et l’intérêt n’y ont point de part : je n’ai point dessein de lui nuire ; je veux le servir, au contraire. »

Bon ! voilà les bords de la coupe sucrés ; l’absinthe va venir, et, après l’absinthe, la lie.

Reprenons :

« On n’en veut point à sa personne, mais à celle de son athée ; l’on ne porte point envie à son gain ni à sa réputation ; ce n’est point un sentiment particulier, c’est celui de tous les gens de bien, et il ne doit pas trouver mauvais que l’on défende ouvertement les intérêts de Dieu ; qu’il attaque ouvertement, et qu’un chrétien témoigne de la douleur en voyant le théâtre révolté contre l’autel, la farce aux prises avec l’Évangile, un comédien qui se joue des mystères et qui fait raillerie de tout ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré dans la religion !
Il est vrai qu’il y a quelque chose de galant dans les ouvrages de Molière, et je serais bien fâché de lui ravir l’estime qu’il s’est acquise. Il faut tomber d’accord que, s’il réussit

  1. Lettre à d’Alembert sur les spectacles.