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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

nal officiel avec l’affirmation de vos deux signatures, et tout sera dit. Si, au contraire, le rapport ne vous paraît pas conforme, et s’il n’est vrai que selon moi, vous refuserez de le signer ; ce qui ne m’empêchera pas de le mettre au Moniteur, je vous en préviens ; seulement, le jour même de sa publication, je serai votre homme, et me battrai contre celui de vous deux que le sort désignera… Cela vous convient-il ?

MM. Lenoir-Morand et Gilles acceptèrent.

Je me mis incontinent à une espèce de bureau qui m’était à peu près inutile pour travailler, attendu que j’avais l’habitude de ne travailler que dans mon lit, et, au courant de la plume, je rédigeai un rapport contenant le récit des événements que j’ai racontés.

Ce rapport fini, je le communiquai aux deux Soissonnais, qui le trouvèrent si simplement exact, que, sans élever aucune objection, ils le signèrent l’un et l’autre.

C’est ce rapport, signé par moi d’abord, puis par Bard et Hulin, puis, enfin, par MM. Lenoir-Morand et Gilles, que l’on peut lire dans le Moniteur du 9 août 1830.

Ce point éclairci, j’allai faire une bonne visite à mon excellente mère, que j’avais un peu oubliée au milieu de tout cela, après que nous eûmes pris rendez-vous pour dîner tous ensemble, Soissonnais et Parisiens, aux Frères provençaux.

Ma pauvre chère mère venait d’apprendre qu’il s’était passé quelque chose à Paris ; elle m’attendait avec impatience pour m’annoncer que M. le duc d’Orléans avait des chances à la couronne, et pour me féliciter des avantages que me promettait l’intronisation du nouveau roi.

C’était ma sœur, toute fraîche arrivée de province afin de solliciter en faveur de son mari, qui lui avait conté cela.

Pauvre mère ! je me gardai bien de lui dire que, loin de pouvoir quelque chose à la carrière administrative de mon beau-frère, je regardais la mienne comme parfaitement terminée du côté du Palais-Royal.

Pendant que j’étais chez ma mère, il m’arriva un messager d’Harel.

L’obstiné directeur me poussait de toutes ses forces et de