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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Le soir, les gardes nationaux et la troupe de ligne qui nous cernaient reprirent leurs rangs, et s’éloignèrent.

Derrière eux, les grilles du Louvre s’ouvrirent.

On laissa la garde ordinaire près des canons, et chacun se retira chez soi. Tout était fini provisoirement.

Le lendemain, sur la proposition de M. Laffitte, la chambre des députés vota des remercîments aux élèves des Écoles « pour le dévouement et la noble conduite qu’ils avaient montrés la veille en maintenant l’ordre et la tranquillité publique. »

Malheureusement, il y avait, dans le discours de M. Laffitte, quêtant à la Chambre ces remercîments, une phrase qui blessa les élèves de l’École polytechnique.

Voici cette phrase, accentuée de son interruption :

— Les trois écoles, avait dit le ministre, ont envoyé des députations chez le roi, ont manifesté les plus nobles sentiments, le plus grand courage, la plus entière soumission aux lois, et ont assuré qu’elles feraient tous leurs efforts pour assurer le maintien de l’ordre.

— À quelles conditions ? à quelles conditions ? s’écrièrent alors les députés, qui avaient sur le cœur les phrases que nous avons soulignées dans la proclamation des Écoles.

À aucune !… aucune condition n’a été faite, répondit M. Laffitte ; s’il y a eu quelques individus qui ont pu tenir des propos ou offrir des conditions, cela n’est pas venu à la connaissance du gouvernement.

Le lendemain, une protestation signée de quatre-vingt-neuf élèves de l’École polytechnique répondait ainsi aux remercîments de la Chambre et à la dénégation de M. Laffitte :

« Une portion de la chambre des députés a daigné voter des remercîments à l’École polytechnique sur des faits infidèlement rapportés ; ces faits, nous les démentons en partie, nous, élèves de l’École soussignés, et nous ne voulons pas de ces remercîments.
» Les Écoles avaient été calomniées, dit la protestation de