a été ébauchée rue de Richelieu, mais prise avant d’être achevée.
— Et où allez-vous ?
— Vous saurez cela demain, si je réussis.
— Par ma foi, mon cher, vous avez l’air d’un diplomate.
— Qui sait ?… Je vais peut-être faire un nouveau ministère !
— En votre qualité de docteur, mon cher ami, je vous invite à donner tous vos soins à l’ancien ; il me paraît diablement malade !
En ce moment, deux jeunes gens passèrent rapidement près de nous.
— Un drapeau tricolore ? disait l’un. Ce n’est spas possible !
— Je te dis-que je l’ai vu ! répondait l’autre.
— Mais où cela ?
— Quai de l’École.
— Quand ?
— Il y a une demi-heure.
— Et qu’a-t-on fait à l’homme qui le portait ?
— Rien… on l’a laissé passer.
— Allons de ce côté, alors.
— Allons.
Et ils s’enfoncèrent en courant dans la rue Notre-Dame-des-Victoires.
— Vous voyez, mon cher, dis-je à Thibaut, ça chauffe ! Allez à votre ministère, mon ami, allez !
— J’y vais !
Et il prit le chemin du boulevard des Capucines.
Thibaut ne m’avait pas menti. Il était réellement-en train de faire un ministère ; seulement, son ministère n’était-pas destiné à mourir de longévité. C’était le ministère Gérard et Mortemart, qui devait avoir son pendant, à la révolution de 1848, dans le ministère Thiers et Odilon Barrot.
Mais, demandera-t-on, comment le docteur Thibaut pouvait-il faire un ministère ?
Eh ! mon Dieu, je vais le dire en deux mots.