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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS


CXLIV


Matinée du 27 juillet. — Visite à ma mère. — Paul Fouché. — Amy Robsart. — Armand Carrel. — Les bureaux du journal le Temps. — Baude. — Le commissaire de police. — Les trois serruriers. — Les bureaux du National. — Cadet de Gassicourt. — Le colonel Gourgaud. — M. de Rémusat. — Physionomie du passant.

J’étais rentré chez moi pour conserver, le lendemain, toute ma liberté d’action.

Dés le matin, j’allai faire visite à ma mère. Il y avait deux jours que je ne l’avais vue, et je craignais qu’elle ne fût inquiète, surtout si elle avait appris quelque chose de ce qui se passait.

Ma pauvre mère demeurait, alors, rue de l’Ouest. Je crois avoir déjà dit que nous avions choisi pour elle ce nouveau domicile, afin qu’elle fût plus près de la famille Villenave, qui, ayant, de son côté, quitté la rue de Vaugirard, demeurait porte à porte avec elle. Mais, par malheur, en ce moment où ma mère eût eu si grand besoin de ce voisinage, madame Villenave, madame Waldor et Élisa — la plus fidèle compagne de ma mère, avec son chat Mysouf, — étaient parties pour la Vendée, où elles avaient, à trois lieues de Clisson, une petite campagne nommée la Jarrie.

Je trouvai ma mère dans la plus parfaite tranquillité de corps et d’esprit ; aucun bruit de ce qui s’était passé n’était encore parvenu dans cette Thébaïde qu’on appelle le quartier du Luxembourg. Je déjeunai avec elle, je l’embrassai, et je partis la laissant dans cette douce quiétude.

En sortant, je tombai sur Paul Fouché. Il revenait de chez son beau-frère, Victor Hugo, qui demeurait rue Notre-Dame-des-Champs, et auquel il avait été annoncer qu’il avait, pour le lendemain, lecture de je ne sais quelle pièce à je ne sais quel théâtre.

Paul Fouché était, à cette époque, ce garçon myope et dis-