Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/65

Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Signol fût privée du tiers qui, à mon avis, devait lui revenir.

Dupeuty et ses collaborateurs ignoraient complètement l’existence d’un manuscrit primitif ; l’idée de leur vaudeville leur avait été communiquée par le directeur de la Porte-Saint-Martin, et ils avaient travaillé sur cette idée ; mais, en apprenant sa filiation, spontanément, loyalement, généreusement, ils associèrent la pauvre mère à leur succès.

C’est ainsi que mourut Signol, et c’est ainsi que fut faite et représentée Victorine, ou la Nuit porte conseil.


CXLII


Alphonse Karr. — Le cuirassier. — La médaille de sauvetage et la croix de la Légion d’honneur. — Le domicile de Karr à Montmartre. — Sous les tilleuls et la critique. — Prise d’Alger. — M. Dupin aîné. — Pourquoi il n’écrit pas ses Mémoires. — Signature des ordonnances de juillet. — Ce qui m’empêche de partir pour Alger.

L’événement que nous venons de raconter nous à conduit au 2 juin.

En regardant le ciel, tout étoilé, du haut de la terrasse du duc d’Orléans, Charles X avait dit :

— Voilà un beau temps pour ma flotte d’Alger !

Il se trompait : presque au sortir du port, la flotte avait été dispersée par une tempête, et l’heure où il parlait, elle se ralliait à grand’peine à Palma.

Au reste, l’opposition allait son train ; grands et petits journaux frappaient sur le gouvernement, les uns avec des massues, les autres avec des verges. Nous avons dit comment le Journal des Débats avait traité le ministère Polignac à son avénement.

Si nous avions les petits journaux sous les yeux, peut-être prouverions-nous que les railleries des nains n’ont pas fait moins de mal que les injures des géants.

Au nombre des petits journaux qui, à cette époque, faisaient au gouvernement une guerre de tirailleurs, le Figaro,