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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Le duc d’Orléans se précipita pour la ramasser, et la rendit au roi.

Je touchai mon voisin du coude ; — autant que je puis me le rappeler, c’était Beauchesne.

— Avant un an, lui dis-je, il en arrivera autant de la couronne… Seulement, au lieu de la rendre à Charles X, le duc d’Orléans la gardera pour lui.

Ce fut dans le discours que prononça Charles X, après avoir raffermi sur sa tête cette toque que venait de lui rendre le duc d’Orléans, que se trouvait ce fameux paragraphe :

« Je ne doute pas de votre concours pour opérer le bien que je veux faire. Vous repousserez avec mépris les perfides insinuations que la malveillance cherche à propager. Si de coupables manœuvres suscitaient à mon pouvoir des obstacles que je ne veux pas, que je ne dois pas prévoir, je trouverais la force de les surmonter dans ma résolution de maintenir la paix publique, dans la juste confiance des Français, et dans l’amour qu’ils ont toujours pour leur roi. »

À ce discours répondit l’adresse des 221 ; à ce paragraphe, cet autre paragraphe :

« La Charte a fait du concours permanent des vues politiques de votre gouvernement avec les vœux de votre peuple, la condition indispensable de la marche régulière des affaires publiques. Sire, notre loyauté, notre dévouement, nous condamnent à vous dire que ce concours n’existe pas. »

C’était une déclaration de guerre dans toutes les règles.

En entendant la lecture de l’adresse, Charles X tressaillit de tout son corps.

Puis, lorsque la députation eut quitté les Tuileries :

— Je ne souffrirai pas qu’on trempe ma couronne dans le ruisseau ! dit-il.

Et la Chambre fut dissoute.

C’étaient là de ces événements qui, alors, retentissaient dans tous les cœurs, même dans celui du Journal des Débats.