léans dictait à Oudard la fameuse note qui avait mis MM. Thiers et Mignet si fort en émoi.
Ainsi les choses s’expliquaient ; tous les jeux s’abattaient à la fois sur la même table : le jeu de Charles X, nommant le ministère Mortemart, Gérard et Casimir Périer ; le jeu de M. Laffitte, proposant le duc d’Orléans au suffrage de la nation ; et, enfin, le jeu des républicains, pressant la Fayette d’accepter la dictature.
On eût fait la chose exprès et l’on eût arrêté l’heure, qu’on n’eût certes pas mieux réussi.
Il s’ensuivit alors, dans la salle où venaient de se heurter des intérêts si puissants, un instant de trouble qui faillit être fatal à M. de Sussy.
Bastide l’avait pris au collet, et allait tout simplement le jeter par la fenêtre, lorsque Trélat le retint.
Je reviendrai plus d’une fois sur Bastide, et je dirai quel homme plein de franchise, de courage et de loyauté c’était et c’est encore.
Comme tous les mouvements extrêmes, celui-ci amena sa réaction.
Cette réaction eut pour résultat de laisser M. de Sussy sortir tranquillement, sous la conduite du général Lobau, lequel ouvrit la porte en accourant au bruit infernal qui se faisait dans le cabinet de la Fayette.
Les républicains se retrouvèrent seuls avec le général.
Ils renouvelaient leurs instances auprès de lui, quand on vint les avertir que M. de Sussy, introduit dans le sein de la commission municipale, y exposait au moment même les nouvelles propositions de Charles X, auxquelles la commission municipale ne paraissait nullement hostile.
Il ne s’agissait plus de discuter avec la Fayette et d’écouter ses théories sur le gouvernement constitutionnel en France et le gouvernement républicain aux États-Unis ; la question de vie ou de mort se débattait à la commission municipale.
Il s’agissait de courir à la commission municipale.
On y courut.
La porte était fermée.