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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

pour cela que je vous ai demandé l’autorisation de me faire ouvrir la porte de la poudrière, et que je vous renouvelle cette demande.

— Et, seul comme vous êtes, monsieur Dumas… Je crois que vous m’avez dit que vous vous appeliez M. Dumas ?

— Oui, monsieur, je m’appelle M. Dumas.

— Et seul comme vous êtes, monsieur Dumas, vous avez la prétention de me forcer à signer cette autorisation ?… Vous remarquerez, n’est-ce pas ? que nous sommes quatre. Ce que j’avais remarqué, depuis un instant, à l’accent de plus en plus railleur de M. le commandant de place, et à la forme de sa phrase, c’est que la situation s’échauffait ; je m’étais, en conséquence, reculé peu à peu, afin de rester maître de la porte, et, tout en reculant, j’avais introduit mes mains dans les poches de ma veste, et j’avais, sans bruit, armé la double batterie de mes pistolets.

Tout d’un coup, je les tirai de mes poches, et, dirigeant les canons sur le groupe que j’avais devant moi :

— Vous êtes quatre, messieurs, c’est vrai… mais, nous, nous sommes cinq !…

Et, faisant deux pas en avant :

— Messieurs, leur dis-je, je vous donne ma parole d’honneur que, si, dans cinq secondes, l’ordre n’est pas signé, je vous brûle la cervelle à tous les quatre ; et je commence par vous, monsieur le lieutenant de roi… À tout seigneur, tout honneur !

J’étais devenu très-pâle ; mais probablement que, malgré sa pâleur, mon visage exprimait une immuable résolution. Le double canon du pistolet que je tenais de la main droite n’était qu’à un pied et demi de la figure de M. de Liniers.

— Prenez garde, monsieur, lui dis-je, je vais compter les secondes.

Et, après une pause :

— Une, deux, trois…

En ce moment, une porte latérale s’ouvrit, et une femme au paroxysme de la terreur se précipita dans l’appartement.

— Ô mon ami, cède ! cède ! s’écria-t-elle ; c’est une seconde révolte des nègres !…