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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

regrettons depuis quinze ans… Quel est l’engagement que nous devons prendre avec vous, monsieur ?

— Celui de rentrer chez vous et de n’en pas sortir que vous n’appreniez que je suis tué ou que je viens moi-même vous relever de votre parole.

— Pour moi et mes camarades, monsieur, foi de soldat !

J’allai à lui, et je lui tendis la main.

Trois mains s’avancèrent au lieu d’une ; trois mains serrèrent la mienne avec cordialité.

— Voyons, maintenant, ce n’est point cela, dit le colonel ; quand on entreprend une besogne comme celle que vous avez entreprise, il faut réussir.

— Voulez-vous m’aider de vos conseils ?

Il sourit.

— Où allez-vous de ce pas ?

— Chez le commandant de place, M. de Liniers.

— Le connaissez-vous ?

— Pas le moins du monde.

— Hum !

— Quoi ?

— Défiez-vous !

— Mais, enfin, si j’ai l’ordre ?…

— Eh bien ?

— Puis-je compter sur vous ?

— Oh ! alors, naturellement… La neutralité cesse, et nous devenons vos alliés.

Eu ce moment, on frappa à la porte trois coups également espacés.

— Qu’est-ce que cela ? demanda le colonel.

— Un de mes amis, colonel, qui venait m’apporter du secours, si j’en avais besoin.

Puis, tout haut, je criai :

— Attendez un instant, Bard, je vais vous ouvrir… Je suis avec des amis.

Puis, me retournant vers les militaires :

— Maintenant, messieurs, leur dis-je, voulez-vous rentrer chez vous ?