Je présentai le papier au général Gérard.
Il le prit, le lut et le relut.
Puis, comme s’il oubliait que je lui eusse demandé un ordre autographe, il prit une plume :
— Puisque vous le voulez…, dit-il.
Et il signa mon ordre.
Je le laissai faire ; j’avais mon idée.
— Merci, général.
— Vous êtes content, alors ?
— Très-content !
— Vous n’êtes pas difficile.
Et il rentra dans le salon.
Je tenais encore la plume, et, au-dessus de son nom, j’écrivis : « Le ministre de la guerre. »
La première interpolation m’avait assez bien réussi pour que j’en risquasse une seconde.
Grâce à cette seconde interpolation, l’ordre était ainsi conçu :
« Les autorités militaires de la ville de Soissons sont invitées à remettre à l’instant même à M. Alexandre Dumas toute la poudre qui pourra se trouver, soit dans la poudrière, soit dans la ville.
» Gérard.
Ce n’était pas fini, comme on pourrait le croire.
J’avais un ordre pour les autorités militaires signé Gérard ; je voulais une invitation aux autorités civiles signée la Fayette.
Je comptais beaucoup sur la réputation militaire du général Gérard ; mais je comptais bien autrement encore sur la popularité du général la Fayette ; d’ailleurs, une des signatures compléterait l’autre.
De retour à l’hôtel de ville, je fis demander la Fayette ; il vint.