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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Mais non, cent fois non !

— Décidément, vous ne voulez pas ?

— Je ne veux pas vous faire fusiller.

— Soit ; mais vous voulez bien me donner un laissez-passer pour arriver près du général Gérard.

— Oh ! quant à cela, volontiers. Monsieur Bonnelier, faites un laissez-passer pour M. Dumas.

— Bonnelier est occupé, mon général ; je vais le faire moi-même, et vous le signerez tout de suite… Vous avez raison, je vais rentrer chez moi, je suis éreinté !

Et j’allai à une table où j’écrivis un laissez-passer conçu en ces termes :

« 30 juillet 1830, à une heure. » Laissez passer M. Alexandre Dumas près du général Gérard. »

Je présentai au général la Fayette le papier d’une main et la plume de l’autre.

Il signa.

Je tenais mon ordre.

— Merci, général, lui dis-je.

Et, comme le laissez-passer était de mon écriture, j’ajoutai après ces deux mots : « général Gérard, » la phrase suivante :

« À qui nous recommandons la proposition qu’il vient de nous faire. »

Muni de ce laissez-passer, je me rendis à l’instant même chez Laffitte, et je pénétrai jusqu’au général.

Le général m’avait vu enfant chez M. Collard ; je me nommai ; il me reconnut.

— Ah ! c’est vous, monsieur Dumas ! me dit-il. Eh bien, quelle est cette proposition ?

— La voici, général… M. de la Fayette dit tout à l’heure devant moi, à l’hôtel de ville, que l’on manquait de poudre,