J’allai chez lui. On me répondit qu’il était sorti ; j’en doutai d’abord ; j’entrai dans la loge du concierge ; je me fis reconnaître ; mais l’honnête portier me répéta ce qu’il m’avait déjà dit à travers son petit carreau.
Je m’en allais fort désappointé, lorsque je vis venir, au milieu de l’obscurité, trois ou quatre hommes à pied. Dans celui du milieu, je crus reconnaître le général.
Je m’avançai. C’était lui. Il rentrait appuyé au bras de M. Carbonnel ; M. de Lasteyrie, je crois, venait derrière, causant avec un domestique.
— Ah ! général, m’écriai-je, c’est vous !
Il me reconnut.
— Bon ! me dit-il, cela m’étonnait de ne pas vous avoir vu encore.
— C’est que vous n’êtes pas facile à voir, général.
Et je lui racontai tout ce qu’avaient fait, pour arriver à ce résultat, Charras et ses amis.
— C’est vrai, dit-il, j’ai trouvé leurs noms, et j’ai recommandé qu’on les reçût s’ils revenaient.
— Général ; je ne sais si les autres reviendront, mais je doute que Charras revienne.
— Et pourquoi cela ?
— Parce qu’on m’a dit qu’il avait été tué du côté de la Grève.
— Tué ? fit-il. Ah ! pauvre jeune homme !
— Il n’y aurait rien d’étonnant, général… Il y faisait si chaud !
— Vous y étiez ?
— Mais oui !… seulement, je n’y suis pas resté longtemps.
— Et que comptez-vous faire demain ?
— Je vous avoue, général, que c’est la question que j’allais vous adresser.
Le général s’appuya sur mon bras, et fit quelques pas en avant, comme pour échapper à la surveillance de ses deux compagnons.
— Je quitte les députés, dit-il ; il n’y a rien à faire avec eux…
— Alors, pourquoi ne faites-vous pas tout seul ?