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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Oui, capitaine.

— Et quand cela ?

— Quand nous aurons fait la révolution, attendu que la censure arrête ma pièce, et qu’il ne faut pas moins qu’une révolution, m’a-t-on dit au ministère de l’intérieur, pour que l’ouvrage puisse être représenté.

L’officier secoua la tête.

— Alors, j’ai bien peur, monsieur, que la pièce ne sorte jamais des cartons !

— Vous avez peur de cela ?

— Oui.

— Eh bien, à la première représentation, capitaine ! et, si vous voulez des places, venez en prendre chez moi, rue de l’Université, 25.

Nous nous saluâmes. Le capitaine retourna vers sa compagnie, et, moi, je rejoignis ma troupe, à laquelle je racontai ce qui venait de se passer.

Notre premier soin fut de nous retirer hors de la portée des fusils, pour le cas où nos donneurs d’avis passeraient à des idées moins pacifiques.

Là, on tint conseil. — Parbleu ! dit un de mes hommes, la chose est bien facile. Voulons-nous aller, oui ou non, à l’endroit où l’on se bat ?

— Oui.

— Eh bien, prenons la rue du Harlay, le quai des Orfèvres, et revenons au pont Notre-Dame par la rue de la Draperie et la rue de la Cité.

La proposition fut adoptée à l’unanimité ; nos deux tambours recommencèrent à battre, et nous remontâmes le quai de l’Horloge, pour mettre à exécution le nouveau plan stratégique qui venait d’être arrêté.