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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS


CXLVI


Matinée du 27. — Joubert. — Charles Teste. — La Petite-Jacobinière. — Le pharmacien Robinet. — Les armes du Sergent Mathieu. — Pillage d’une boutique d’armurier. — Les deux gendarmes. — Les trois gardes royaux. — Un grand jeune homme blond. — Les terreurs d’Oudard.

Je fus réveillé, comme le 26, par Achille Comte.

— Eh bien ? lui demandai-je en me frottant les yeux.

— Oh ! cela marche !… dit-il ; le quartier des écoles est en pleine insurrection… Seulement, les étudiants sont furieux.

— Contre qui ?

— Mais contre les grands meneurs, Laffitte, Casimir Périer, la Fayette… Ils se sont présentés hier chez ces messieurs : les uns leur ont dit de se tenir tranquilles, les autres ne les ont pas même reçus… Et, tenez, Barthélemy et Méry vous donneront des détails là-dessus ; ils y étaient avec leurs poches pleines de poudre qu’ils avaient achetée chez un épicier.

Je m’habillai ; je pris une voiture pour aller embrasser ma mère, qui était toujours aussi calme que si rien d’extraordinaire ne se fût passé dans Paris. J’avais donné des ordres pour qu’elle restât dans cette ignorance, et ces ordres avaient été ponctuellement exécutés.

En quittant ma mère, je me fis conduire chez Godefroy Cavaignac, qui demeurait rue de Sèvres.

Il était déjà sorti ; je le trouverais, me dit-on, ou à la librairie de Joubert, passage Dauphine, ou place de la Bourse, chez Charles Teste, à la Petite-Jacobinière.

Joubert, qui a été, depuis, aide de camp de la Fayette, et lieutenant-colonel, je crois, était un ancien carbonaro, ami de Carrel ; condamné à mort, comme celui-ci, après l’affaire de Béfort, il s’était évadé, des prisons de Perpignan, avec l’aide