Page:Dumas - Mes mémoires, tome 5.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

la fenêtre donnait sur l’endroit le plus éclairé du jardin ; à droite, en face, celle d’une petite pièce sans importance dans laquelle moisissaient une table et trois ou quatre vieux fauteuils ; à quelques endroits de la muraille, sans que personne s’en inquiétât, le papier se détachait, et, boursouflé, se pointillait de taches vertes et blanches ; — puis, à gauche encore, la porte de la cuisine ; à droite, celle du garde-manger et de l’office.

Ce rez-de-chaussée, sombre et humide, était une espèce de catacombe où l’on ne descendait qu’à l’heure des repas.

La véritable habitation, celle où nous fûmes introduits, était au premier.

Le premier se composait d’un petit et d’un grand salon, de la chambre à coucher de madame Villenave et de celle de madame Waldor.

Nous laisserons le petit salon et les deux chambres à coucher pour ne nous occuper que du grand salon, qui, après les mansardes, — hâtons-nous de consigner cela ici afin d’avoir le droit de les visiter, — qui, après les mansardes, était la pièce la plus curieuse de la maison.

C’était un carré long ayant à chacun de ses angles une console supportant un buste, un de ces bustes était celui du maître de la maison.

Entre les deux bustes, au fond, sur une table de marbre faisant face à la cheminée, était la pièce d’art et d’archéologie la plus importante du salon : c’était l’urne de bronze dans laquelle avait été enfermé le cœur de Bayard.

Un petit bas-relief courant à sa circonférence montrait le chevalier sans peur et sans reproche, appuyé à un arbre, et baisant la croix de son épée.

Puis venaient quatre grands tableaux représentant trois portraits et un paysage.

Le paysage, commençons par lui, — à tout seigneur tout honneur, — le paysage était un Claude Lorrain.

Un des portraits était signé d’Holbein. Il représentait Anne Boleyn.

Les deux autres — j’ignore de qui ils étaient — représen-