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MÉMOIRES
DE
ALEXANDRE DUMAS


CXII


Je passe du secrétariat aux archives. — M. Bichet. — Côté par lequel je ressemble à Piron. — Mes moments perdus. — M. Pieyre et M. Parseval de Grandmaison. — Une scène qui manque au Distrait. — La Peyrouse. — Succès intime.

Ce fut dans le jardin du Luxembourg que je fis connaissance avec Méry. On me présenta à lui. Nous nous accolâmes l’un à l’autre comme le fer à l’aimant ; et, depuis, je ne sais lequel de nous deux est le fer, lequel de nous deux est l’aimant, mais nous ne nous sommes plus quittés.

J’étais déjà avancé dans mon drame de Christine ; je lui en dis deux ou trois cents vers peut-être, et il m’encouragea fort. J’avais grand besoin de cet encouragement.

Je venais de subir une mutation. Me voyant incorrigible, et ayant appris que j’achevais un grand drame, Oudard m’avait fait passer du secrétariat aux archives.

C’était une disgrâce.

J’étais là avec un bon petit vieillard de quatre-vingts ans, nommé M. Bichet, toujours vêtu comme en 1788, c’est-à-dire d’une culotte de satin, de bas chinés, d’un habit de drap noir et d’une veste de soie à fleurs. Le reste de son costume était complété par des manchettes et un jabot. La tête,