— Me voici, madame, répondait Hugo en se levant.
— Ah ! très-bien ! merci… Dites-moi, monsieur Hugo…
— Madame ?
— J’ai à dire ce vers-là :
Vous êtes, mon lion, superbe et généreux !
— Oui, madame ; Hernani vous dit :
Hélas ! j’aime pourtant d’une amour bien profonde !
Ne pleure pas… Mourons plutôt ! Que n’ai-je un monde,
Je te le donnerais ! Je suis bien malheureux !
et vous lui répondez :
Vous êtes, mon lion, superbe et généreux !
— Est-ce que vous aimez cela, monsieur Hugo ?
— Quoi ?
— Vous êtes, mon lion !…
— Je l’ai écrit ainsi, madame ; donc, j’ai cru que c’était bien.
— Alors, vous y tenez, à votre lion ?
— J’y tiens et je n’y tiens pas, madame ; trouvez-moi quelque chose de mieux, et je mettrai cette autre chose à la place.
— Ce n’est pas à moi à trouver cela : je ne suis pas l’auteur, moi.
— Eh bien, alors, madame, puisqu’il en est ainsi, laissons tout uniment ce qui est écrit.
— C’est qu’en vérité, cela me semble si drôle d’appeler M. Firmin mon lion !
— Ah ! parce qu’en jouant le rôle de dona Sol, vous voulez rester mademoiselle Mars ; si vous étiez vraiment la pupille de Ruy Gomez de Sylva, c’est-à-dire une noble Castillane du xviie siècle, vous ne verriez pas dans Hernani M. Firmin ; vous y verriez un de ces terribles chefs de bande qui faisaient trembler Charles-Quint jusque dans sa capitale ; alors, vous