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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Hugo, en revenant de Saint-Cloud, trouva Taylor qui l’attendait chez lui.

La nouvelle apportée, comme celle du page de madame Malbrouck, était assez mauvaise. Taylor se désespérait.

— Nous n’avons rien dans nos cartons ! répétait-il.

Notez que la Comédie-Française avait dans ses cartons dix pièces de M. Viennet, quatre ou cinq de M. Delrieu, deux ou trois de M. Lemercier, — sans compter le Pertinax de M. Arnault, le Julien de M. de Jouy, etc., etc.

C’est là ce que Taylor appelait n’avoir rien dans ses cartons !

— Nous comptions sur Marion Delorme pour notre hiver, disait-il ; notre hiver, est perdu !…

Hugo le laissa se lamenter.

— Et quand espériez-vous jouer Marion Delorme ? demanda-t-il.

— Mais au mois de janvier ou de février.

— Ah ! bon ! alors, nous avons de la marge… Eh bien…

Il calcula.

— Nous sommes au 7 août : revenez le 1er octobre.

Taylor revint le 1er octobre.

Hugo prit un manuscrit, et le lui donna.

C’était Hernani.

Hugo avait commencé ce second ouvrage le 17 septembre et l’avait fini le 25 du même mois.

Il avait mis à l’exécuter trois jours de moins que pour Marion Delorme.

Hâtons-nous de dire que, d’avance, les plans de ces deux pièces étaient faits dans la tête du poëte.