sionnier ; tout cela était nul, non avenu, tout cela n’existait pas, n’avait jamais existé, du moment que l’on avait évacué l’Espagne.
On aurait pu demander à Napoléon pourquoi il avait évacué la Russie.
Mais lui, l’invincible, c’était un Dieu même qui l’avait courbé sous lui ; comme Thor, fils d’Odin, c’était avec la mort en personne qu’il avait lutté ; il n’avait pas été vaincu comme Xercès, il avait été foudroyé comme Cambyse.
La distinction était subtile ; mais on ne discutait pas avec le vainqueur d’Austerlitz, à plus forte raison avec le vaincu de la Bérésina.
Les services des Français en Espagne n’existaient donc pas, et — moins deux cent mille hommes restés sur les champs de bataille de Talavera, de Saragosse, de Baylen, de Salamanque et de Vittoria, — tout était comme si rien n’eût été.
En conséquence, le général Hugo trouva cet ordre à son adresse en arrivant à Bayonne :
« Le major Hugo se mettra immédiatement à la disposition du général Belliard. »
Le lendemain, le général Hugo se présente chez le général Belliard en costume de simple grenadier et avec des épaulettes de laine.
Belliard ne le reconnaissait pas.
Le général Hugo se nomma.
— Que signifie cet uniforme de simple soldat ? demanda Belliard.
— Grenadier ou général, répondit Hugo.
Belliard lui sauta au cou.
Le même jour, il renvoyait l’ordre à l’empereur.
L’ordre revint avec cette note en marge de la main de Napoléon : .
« Le général Hugo ira prendre immédiatement le commandement de Thionville. »
C’est à l’histoire à consigner les détails de ce siège, pendant lequel le général Hugo trouva moyen de défendre la citadelle et de ménager la ville.