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Le duc de Cotadilla avait grande envie de tenir bon ; mais les clameurs montèrent si haut, qu’elles l’emportèrent.
Force fut au convoi de continuer son chemin pour Otero ; mais il resta au pauvre carrosse abandonné un secours sur lequel madame Hugo n’avait pas compté.
C’étaient les quarante grenadiers hollandais, qui demandèrent la faveur de rester près du carrosse afin de lui servir d’escorte, lorsque la roue raccommodée lui permettrait de poursuivre son chemin.
Cette faveur leur fut accordée.
Le convoi se remit en marche, et peu à peu, comme une marée qui se retire, laissa le carrosse échoué sur la grande route.
Au reste, jamais naufragés abandonnés dans une île déserte ne se mirent avec plus d’ardeur à la construction d’un radeau que ne se mirent au raccommodage de la roue les quarante grenadiers hollandais.
L’œuvre dura une heure environ.
Lorsqu’on repartit, on avait depuis longtemps perdu de vue l’arrière-garde du convoi ; et l’obscurité commençait à tomber.
Cependant, malgré toutes ces circonstances défavorables, le carrosse, madame Hugo, les trois enfants, le domestique, la femme de chambre et les quarante grenadiers hollandais entrèrent dans Otero à dix heures du soir, sans avoir eu, ce qui indiquait un incroyable bonheur, maille à partir avec les guerilleros.
Pendant la nuit, grâce aux soins d’un charron de l’endroit que l’on fit travailler de force, et dont deux maréchaux ferrants inspectèrent le travail, le carrosse fut raccommodé, et se trouva, le lendemain, en état de reprendre sa place en tête de la file de voitures.
On atteignit la chaîne du Guadarrama ; on s’engagea dans la montagne ; on gravit jusqu’à son plus haut sommet ; on fit une halte au pied du lion gigantesque qui tourne le dos à la Vieille-Castille, et qui, la patte sur l’écusson des Espagnes,