CXXV
À la trente-cinquième représentation d’Henri III mademoiselle Mars fut forcée de prendre son congé.
Elle fit tout ce qu’elle put pour que la Comédie-Française lui rachetât ce congé ; elle donna toutes les facilités possibles, la Comédie-Française ne voulut entendre à rien.
Le succès d’Henri III servait les intérêts, mais blessait les amours-propres.
À la Comédie-Française, il y a ceci de remarquable, et qui n’existe point dans les autres théâtres, ou qui y existe à un degré moindre :
L’auteur qu’on joue a pour ennemis tous les acteurs qui ne jouent pas dans sa pièce.
Vers la fin des représentations d’Henri III, j’ai vu Monrose, cet excellent comédien que son talent devait mettre bien au-dessus des mesquines jalousies de la médiocrité, entrer au foyer en se frottant les mains, et en disant tout joyeux :
— Ah ! nous avons fait cinq cents francs de moins ce soir qu’à la dernière représentation !
J’étais là, — il ne m’avait pas aperçu d’abord ; — il me vit, fit semblant de ne pas me voir, et sortit.
Mademoiselle Mars fut sur le point de perdre son congé, tant elle avait peine à couper le succès.
C’était une très-honnête femme de théâtre que mademoiselle Mars, je dirai presque un honnête homme, d’une exactitude sévère, et devant laquelle tout le monde faisait son