à tous ces nobles bâtiments qui s’avançaient sous le souffle de Dieu. Oh ! vous savez cela, je ne vous dis rien de nouveau ; vous savez que tout ce qui est jeune, tout ce qui est noble, tout ce qui est pur, tout ce qui n’a pas traîné dans la fange du passé, que tout ce qui s’élance dans les espaces éthérés de l’avenir est contre vous ; vous savez que ceux que vous avez laissé meurtrir sous le bâton autrichien, que ceux que vous avez laissé enterrer dans les prisons pontificales, que ceux que vous avez laissé foudroyer par le canon napolitain, sont des martyrs ; vous savez que, lorsqu’ils vous saluaient, tyrans, en allant aux cirques, nous acclamions, nous, à leur dévouement ; vous savez, enfin, qu’ils nous aiment, nous porte-lumière, tandis qu’ils vous haïssent, vous porte-ténèbres ; vous savez que, si un jour il vous pardonnent ce que vous avez fait, ce sera en faveur de ce que nous aurons écrit ; et de là viennent vos persécutions — impuissantes, Dieu merci ! comme tout ce qui vient d’en bas, et qui essaye d’atteindre à ce qui est haut… oui, ce qui est haut, car il est au-dessus de vous celui qui peut dire : « Je viens d’écrire cette page, et vous ne l’écririez pas ! »
Revenons à Henri III, qui n’avait rien à faire dans tout cela, et, qui, d’un coup d’aile, se trouve, il ne sait pourquoi, élevé au-dessus des nuages.
On attendait mon retour avec impatience ; on n’osait afficher sans la permission du ministre.
J’avais cette permission : on afficha.
M. le duc d’Orléans avait annoncé qu’il assisterait à la seconde représentation.
Le soir, lorsque je me présentai au théâtre, on me dit qu’il était déjà arrivé, et qu’il me faisait prier de passer dans sa loge.
Je me rendis à l’invitation entre le premier et le second acte. La salle regorgeant de spectateurs faisait foi de la véhémence avec laquelle se déclarait le succès.
Le duc d’Orléans me reçut d’une façon charmante.
— Eh bien, me dit-il, monsieur Dumas, vous voilà content : vous avez gagné votre procès contre tout le monde, contre le