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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Il la relut deux fois.

— Enfin !… dit-il en me la rendant.

Et, en me la rendant, il haussait les épaules.

— Rentreras-tu dans les bureaux ?

— Oh ! pour cela, non, par exemple !

— Et tu auras bien raison. Veux-tu voir M. Fossier ?

— Ma foi, non.

— Il t’aime pourtant bien.

— Pourquoi ne m’écrit-il pas, lui aussi, une lettre de félicitations ?

— Non, mais il pourra bien te demander des billets pour ses filles.

— À propos de billets, je vous garderai une loge pour la seconde, n’est-ce pas ? vous étiez mal placé à la première… vous étiez près de la porte…

— Farceur ! j’en ai été bien heureux, d’être près de la porte… Et crois-tu, outre ce que tu viens de me montrer, que cela te rapportera quelque chose, cette bêtise que tu viens de faire ?

— Mais oui.

— Combien à peu près ?

— Une quinzaine de mille francs.

— Tu dis ?

— Je dis une quinzaine de mille francs.

— Et combien as-tu mis à faire cela ?

— Mais deux mois, à peu près.

— Ainsi, en deux mois, tu auras gagné les appointements de trois chefs de bureau pendant un an, gratifications comprises ?

— Réunissez vos trois chefs de bureau, et dites-leur d’en faire autant.

— Tiens, va-t’en ! j’ai peur qu’en t’entendant dire de pareilles choses, les plafonds ne te tombent sur la tête !

— À demain soir, alors ?

— Oui, à demain soir, si je n’ai rien de mieux à faire.

J’étais bien tranquille, M. Deviolaine n’aurait rien de mieux à faire, et on lui eût donné une année de ses appointements,