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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Il publia sa satire et partit avec M. Hobhouse, au mois de juin de cette même année 1809.

XCVI

Byron à Lisbonne. — Comment il s’est brouillé avec les Anglaises. — Son poëme de Childe Harold. — Ses folies et ses ennuis. — Il se marie. — Ses démêlés conjugaux. — Il quitte de nouveau l’Angleterre. — Ses adieux à sa femme et à sa fille. — Sa vie et ses amours à Venise. — Il part pour la Grèce. — Son arrivée à Missolonghi. — Sa maladie et sa mort.

Les premières nouvelles qu’on reçut du poëte voyageur était datées de Lisbonne, et portaient l’empreinte de cette raillerie douloureuse qui, poussée à l’extrême, devint du génie.

La lettre était adressée à M. Hodgson, et commençait par ces mots :

« Hourra ! mon cher Hodgson, me voilà parti, et même arrivé à Lisbonne. Je suis très-heureux ici. J’aime les oranges, et il y en a à foison. De plus, je parle avec les moines un exécrable latin qu’ils comprennent comme leur langue naturelle. Je vais dans le monde avec mes pistolets dans ma poche. Je traverse le Tage à la nage, et je galope sur un âne ou sur une mule. Je jure en portugais, comme un Allemand, et, par-dessus le marché, j’ai la foire, et les cousins me dévorent.

» Mais qu’importe tout cela ? Il ne faut pas que les gens qui courent après le plaisir tiennent tant au confortable… »

Il est vrai qu’à côté de cette raillerie, il devait écrire ces douloureuses lignes de Childe Harold :

Personne ne l’aimait, quoiqu’il eût fait du château de ses pères le rendez-vous des débauchés de tous les pays. Il est vrai que, les jours de festin, ils lui prodiguaient toutes les flatteries ; mais il les con-