Page:Dumas - Mes mémoires, tome 4.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

porter une chaussure ordinaire, et que sa claudication ne fut plus qu’une légère hésitation dans la marche.

L’orgueilleux jeune homme en ressentit une grande joie, et il fit part de son bonheur à sa nourrice, qu’il aimait beaucoup.

En 1801, c’est-à-dire à l’âge de treize ans, Byron suivit sa mère à Cheltenham. La vue des montagnes du Malvern, qui lui rappelaient son premier voyage dans les Highlands, produisait, surtout le soir et le matin, une profonde impression sur lui. Dans une course que Byron faisait avec sa mère, on parla à celle-ci d’une sorcière fort renommée parmi les gens du pays. Alors, l’envie prit à lady Byron de la consulter ; elle fit cacher le jeune homme, et se présenta à la devineresse comme fille, et non comme femme.

Mais la sorcière secoua la tête.

— Vous n’êtes pas une jeune fille, dit-elle ; vous êtes femme ; vous êtes veuve ; vous avez un fils qui sera en danger d’être empoisonné avant d’avoir atteint sa majorité, qui se mariera deux fois, et, la seconde fois, avec une étrangère.

Nous verrons tout à l’heure que, s’il ne fut point empoisonné, il craignit de l’être, et l’on sait que, s’il ne se maria point une seconde fois, tout au moins trouva-t-il une noble et belle Vénitienne qui lui fit, sauf la douleur, oublier son premier mariage.

De l’école du docteur Glennie, Byron passa à celle d’Harrow, tenue par M. Drury, lequel parait être le premier qui, sans voir bien clair dans l’avenir du poëte, ait surpris quelques lueurs de ce qu’il serait un jour.

« Je fis là, dit Byron, mes premiers vers, qui furent reçus froidement ; mais, en revanche, je me battais d’une manière glorieuse à Harrow ; je ne perdis qu’une bataille sur sept ! »

Ce fut à Harrow qu’il se trouva le condisciple de sir Robert Peel. La manière dont ils firent connaissance et nouèrent amitié donne une idée du caractère de Byron.

Un de leurs camarades plus grand et plus fort qu’eux, et