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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Hélas ! c’est bien sans cause
Que tu m’as délaissé.
T’ai-je dit quelque chose,
Hors un mot, l’an passé ?
Oui, quand mourut ma femme,
Néra,
J’avais la mort dans l’âme.
Ah ! ah !
Néra !

De ta mamelle avide,
Mon pauvre enfant crira ;
S’il voit l’étable vide,
Qui le consolera ?
Toi, sa mère nourrice,
Néra,
Veux-tu donc qu’il périsse ?
Ah ! ah !
Néra !

Lorsqu’avec la pervenche
Pâques refleurira,
Des rameaux du dimanche
Qui te couronnera ?
Toi, si bonne chrétienne,
Néra,
Deviendras-tu païenne ?
Ah ! ah !
Néra !

Quand les miens, en famille.
Tiraient les rois entre eux,
Je te disais « Ma fille,
Ma part est à nous deux ! »
À la fête prochaine,
Néra,
Tu ne seras plus reine.
Ah ! ah !
Néra !

Ingrate ! quand la fièvre
Glaçait mes doigts roidis,