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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

patient firent halte. On commença l’acte de foi, et, au dernier mot, le général fut lancé de haut de l’échelle. Presque au même instant, et comme le prêtre prononçait le mot Jésus-Christ qui lui servait de signal, le bourreau sauta sur les épaules du martyr, tandis que deux hommes se suspendaient aux jambes, et complétaient le groupe hideux.

Deux fois le cri de « Vive le roi ! » se fit entendre : la première fois, poussé par le tiers des spectateurs à peu près ; la seconde fois, par quelques personnes seulement.

Puis un homme sortit de la foule, s’avança jusque sous l’échafaud, et frappa le corps de Riégo d’un coup de bâton.

Le soir, le cadavre fut transporté dans l’église voisine, et enterré dans le campo-santo par la confrérie de la Charité.

On ne sut rien des derniers moments de Riégo, personne n’ayant pu pénétrer jusqu’à lui, et les moines, ses ennemis acharnés, ayant tout intérêt à jeter de la défaveur sur ses derniers moments.

« Le dernier des Gracques, en expirant, dit Mirabeau, jeta en l’air la poussière imprégnée de son sang. De là naquit Marius. »

Riégo a laissé un chant ; de ce chant naîtra une révolution, et, de cette révolution, la république,

XCI

L’auberge de la Tête-Noire. — Auguste Ballet. — Castaing. — Son procès. — Son attitude à l’audience, et ses paroles aux jurés. — Son exécution.

Le second drame, celui qui se passait à Paris, et qui devait avoir son dénoûment sur la place de Grève, le jour même où fut jouée l’École des Vieillards, était l’empoisonnement d’Auguste Ballet.

Nous avons parlé de la mort de la pauvre petite Fleuriet, jolie, fraîche et mignonne comme son nom, emportée en vingt--