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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

à la première, j’eus l’étonnement de le retrouver sur son perchoir.

Cependant, au bout de quelques secondes, son immobilité m’étonna.

Je m’approchai : il était empaillé !

— Tiens ! dis-je au colonel, votre pauvre Jacquot est donc mort ?

— Ah ! oui, c’est vrai, me dit le colonel. On m’avait dit une chose singulière, et dont j’avais toujours douté : c’est que certains animaux se cachaient pour mourir… de là venait qu’on ne retrouvait pas leur cadavre…

— Eh bien ?

— Eh bien, imaginez-vous que le malheureux perroquet, pour mourir, a été se cacher au plus profond du canapé ; on l’a cru perdu d’abord ; on l’a cherché de tous les côtés, et, enfin, on l’a retrouvé là, le lendemain de notre chasse.

— Il mordait ? demandai-je timidement au colonel Bro.

— Lui ? Jamais ! répondit le colonel.

Je fis un mouvement pour montrer au colonel mon doigt, encore mal cicatrisé ; mais je réfléchis qu’il valait mieux laisser le colonel dans l’ignorance des défauts du caractère de son perroquet, et dans la conviction qu’il était mort, comme on dit, de sa belle mort.

Aujourd’hui que les ans ont passé sur cet événement, et qu’il ne reste probablement plus une seule plume du malheureux Jacquot, j’avoue humblement mon crime, et j’en demande pardon à qui de droit.

CXI

Barthélemy et Méry. — M. Éliça Gallay. — Méry joueur de dominos et anatomiste. — L’Épître à Sidi Mahmoud. — Le libraire Ponthieu. — Soulé. — La Villiéliade. — L’imprimeur Barthélemy. — Méry improvisateur. — Les Vœux de la nouvelle année. — Pastiche de Lucrèce.

Nous avons parlé, au commencement du chapitre précédent, des poëtes prophètes ; parlons un peu des poëtes soldats.