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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Quant à notre voleur, il fut immédiatement expédié à la préfecture de police.

Je rentrai à la maison, et trouvai ma pauvre mère tout éperdue.

Elle avait fait comme moi : elle n’avait pas fermé l’œil de la nuit.

Je revis une ou deux fois Adèle pendant son séjour à Paris ; mais, dès cette époque, j’avais donné mon imagination, sinon mon cœur, à une maîtresse qui devait faire grand tort à mes maîtresses passées et à venir.

Cette maîtresse ou plutôt ce maître, c’était l’Art.

CX

Les jalons de l’avenir. — Les compliments au duc de Bordeaux. — Vates. — Brochure orléaniste de Cauchois-Lemaire. — Le lac d’Enghien. — L’ara du colonel Bro. — Le docteur Ferrus. — Morrisel. — Un convoi de première classe. — La chasse en plain-chant. — Une autopsie. — Comment s’explique la mort de l’ara.

C’est un grand enseignement pour tout esprit philosophique que de revoir un à un les jours de ce passé qui, dans un temps, avait été l’avenir.

On s’aperçoit comment les choses révolues se préparaient peu à peu ; on reconnaît les jalons que place, pour qu’il n’y ait rien d’abrupt et d’inattendu dans les événements à accomplir, cette grande puissance que l’on prend dans le présent pour le hasard, et qui, lorsqu’on l’interroge dans le passé, devient la Providence.

Ainsi, Charles X, le dernier représentant de l’aristocratie expirante, devait tomber ; ainsi, Louis-Philippe, le représentant de la bourgeoisie à son apogée, devait monter sur le trône ; et, dès 1827 et 1828, tout s’accomplissait pour qu’en 1830, les esprits fussent préparés à cette grande catastrophe.

Et personne, cependant, ne voyait clair dans cet avenir si prochain.