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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Deux individus attaquaient un homme et une femme. L’homme attaqué essayait de se défendre avec une canne ; la femme attaquée était renversée, et le voleur tentait de lui arracher une chaîne qu’elle avait au cou.

Je sautai sur le voleur, et, en un instant, il fut renversé à son tour, et mis sous mon genou.

Ce que voyant le second voleur, il abandonna l’homme et se sauva.

Il parait que, sans y faire attention, je serrais le cou du mien outre mesure, car, tout à coup, à mon grand étonnement, il fit entendre le cri « À la garde ! »

Ce cri, joint à ceux qu’avaient déjà poussés l’homme et la femme attaqués, fit venir quelques soldats du poste Bonne-Nouvelle.

Je n’avais pas lâché mon voleur ; la garde le tira de mes mains.

Alors seulement, je pus répondre aux remerciments de ceux que j’avais délivrés.

La voix de la femme me frappa étrangement.

Cette femme, c’était Adèle d’Alvin, que je n’avais pas revue depuis mon départ de Villers-Cotterets. L’homme, c’était son mari.

Il y avait une représentation extraordinaire à la Porte-Saint-Martin. Dans cette représentation, on avait joué la Noce et l’Enterrement. Ils savaient que j’étais pour quelque chose dans le chef-d’œuvre, et ils avaient voulu le voir.

Le spectacle avait fini tard, comme aux jours de représentation extraordinaire. Adèle avait eu faim. En sortant, ils avaient soupé au café du théâtre ; le souper les avait attardés, et, au moment où ils atteignaient la hauteur de la pharmacie Charlard, ils avaient été attaqués par les deux bandits dont je les avais débarrassés, et dont l’un venait d’être appréhendé par les défenseurs de la patrie.

Malheureusement, les défenseurs de la patrie n’étaient pas aussi intelligents que braves. Ils ne surent pas distinguer les voleurs des volés, les bandits des honnêtes gens, et nous conduisirent tous au corps de garde, en nous annonçant que