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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

rhumatisme articulaire, qui, déplaçant l’inflammation, fit ce qu’aucun remède n’avait eu l’énergie de faire.

Sur ces entrefaites, eut lieu, au Théâtre-Français, la représentation de ce drame de Louis XI à Péronne que Talma devait jouer. C’était un grand événement, pour nous autres jeunes gens aspirant à fonder quelque chose de nouveau, que cette représentation ; c’était encore Taylor qui l’avait pressée, qui avait veillé à l’exactitude des costumes, et à la richesse de la mise en scène.

La pièce eut un succès dû moitié à la surprise, moitié à sa valeur réelle. Je ne la vis pas à la première représentation ; je n’avais pas pu me procurer un billet, et je n’étais pas assez riche pour en prendre un à la porte ; mais Soulié vint nous rejoindre au café des Variétés, et nous donner des nouvelles.

Il était dans l’enthousiasme.

Cela nous rendit du courage, et nous essayâmes de nous remettre à nos Puritains d’Écosse.

On s’était partagé aux Français la succession dramatique de Talma : Michelot avait pris Tibère et Louis XI ; Firmin avait pris le Tasse ; Joanny s’apprêtait à débuter dans tout le répertoire de l’illustre défunt ; Lafond était devenu à la fois l’un et l’autre ; chacun regardait Talma comme un obstacle, et, cet obstacle supprimé, croyait arriver, pour son compte, à la réputation de cet homme qui avait absorbé toutes les réputations.

Afin que rien ne manquât aux chances de succès, on se partagea les costumes, comme on s’était partagé les rôles. Une vente publique de la garde-robe de Talma fut indiquée pour le 27 avril.

Voici les prix auxquels s’élevèrent les différents costumes.

Les gens qui espéraient acheter le talent avec les habits ne les payaient pas cher.

Charles VI et sa perruque
fr. 205
Ladislas
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Le Cid
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À reporter