dire, et à exiger que nous vécussions, ma mère, mon fils et moi, avec cent vingt-cinq francs par mois.
L’impression fut si poignante, qu’elle me donna le courage d’aller droit à Oudard.
J’entrai dans son cabinet, les larmes dans les yeux, mais la voix calme.
— Est-il vrai, monsieur, lui demandai-je, que vous ayez défendu à Lassagne de travailler avec moi ?
— Oui, me répondit-il. Pourquoi me demandez-vous cela ?
— Parce que je ne pouvais croire que vous eussiez eu ce courage.
— Comment, que j’eusse eu ce courage ?
— Sans doute, je trouve qu’il faut du courage, moi, pour condamner trois personnes à vivre avec cent vingt-cinq francs par mois.
— Il me semble que vous êtes bien heureux de ces cent vingt-cinq francs par mois que vous méprisez.
— Je ne les méprise pas, monsieur ; je suis très-reconnaissant, au contraire, à celui qui me les donne ; seulement, je dis qu’ils sont insuffisants, et que je croyais avoir le droit d’y ajouter quelque chose, du moment où mon travail extérieur ne prenait pas sur mon travail de bureau.
— Il ne prend pas aujourd’hui sur votre travail de bureau, mais il y prendra demain.
— Demain, alors, il sera temps de vous en inquiéter.
— Au reste, cela ne me regarde pas, dit M. Oudard ; je vous transmets purement et simplement les observations du directeur général.
— De M. de Broval ?
— De M. de Broval, oui.
— Je croyais que M. de Broval avait des prétentions à protéger la littérature ?
— La littérature, peut-être… Mais appelez-vous de la littérature la Chasse et l’Amour et la Noce et l’Enterrement ?
— Non, monsieur, bien certainement. Aussi, mon nom n’a pas été mis sur l’affiche de l’Ambigu, où a été joué la Chasse