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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

ne vaut véritablement pas la peine que je me dérange de mon bureau pour m’en assurer. — Sindbad, l’infatigable voyageur, arrive dans un pays où l’on enterre les femmes avec les maris, et les maris avec les femmes. Il épouse imprudemment ; sa femme meurt, et il manque d’être enterré avec elle. — Peu importe.

En somme, l’épisode m’avait fourni une espèce de plan que j’apportai à Lassagne.

Lassagne le lut, et, devenu plus bienveillant encore, s’il était possible, qu’il ne l’avait été d’abord, à la vue des efforts que je faisais pour arriver, il avait, sauf quelques corrections qu’il se chargeait d’y faire, trouvé le plan suffisant.

En vertu de quoi, il l’avait communiqué à un garçon d’esprit, son ami, qui devint le mien plus tard, et que l’on appelait Vulpian.

Encore un nom à marquer d’une croix dans mes souvenirs : Vulpian est mort.

Nous nous réunîmes deux ou trois fois ; nous nous partageâmes la besogne.

Cette fois, j’avais affaire à des collaborateurs plus soigneux de tenir leur parole que ne l’était le pauvre Rousseau. Au premier rendez-vous, chacun arriva avec sa part faite.

On souda les trois tronçons, et le serpent parut avoir une espèce d’existence.

Lassagne se chargea de repolir l’œuvre ; ce fut l’affaire de trois ou quatre jours.

Après quoi, les trois auteurs, l’ayant trouvée parfaite, résolurent qu’elle serait lue, sous le titre de la Noce et l’Enterrement, au Vaudeville, où Lassagne et Vulpian connaissaient Désaugiers.

Malheureusement, Désaugiers, déjà malade de la maladie dont il devait mourir, subissait chez lui une seconde ou troisième taille, et ne put assister à la lecture.

Il résulta de cette absence, pour la Noce et l’Enterrement, un refus presque aussi éclatant, au Vaudeville, que l’avait été, au Gymnase, celui de la Chasse et l’Amour.