Caresser un jour mes vieux ans !
Et, si le sort le veut, puisse un jour ton haleine
Sur les bords fortunés de mon petit domaine
Bercer mes épis jaunissants[1] !
CVII
Au milieu de ces premiers travaux, auxquels nous nous livrions avec toute l’ardeur de la jeunesse, une nouvelle terrible pour l’art se répandait dans Paris.
Talma était atteint d’une maladie mortelle.
Il venait d’atteindre à l’apogée de son talent, peut-être, dans sa dernière création de la Démence de Charles VI. On se rappelle cette visite que nous lui fîmes, Adolphe et moi, et comment, se trouvant mieux et espérant rentrer au théâtre par Tibère, il nous montra ses joues pendantes, qui devaient si bien lui servir à imiter le masque du vieil empereur. Mais Talma était frappé mortellement, Charles VI devait être sa dernière apparition, apparition plus splendide qu’aucune des créations de sa jeunesse ou de son âge mûr ; et c’était Michelot qui devait jouer Tibère.
Nous ne fûmes pas les seuls, au reste, à conserver un souvenir du même genre. Vers la fin de sa vie, Talma fit un court séjour à Enghien, pendant lequel Firmin l’alla voir. Firmin était sur le point de jouer la Tasse, qui avait été distribué à Talma, mais auquel Talma avait dû renoncer.
Talma aimait assez Firmin ; sa chaleur le ravissait, et souvent il lui avait donné des conseils.
- ↑ Voir un Poëte anacréontique, tome II, p. 209 et suiv. de Bric-à-Brac.