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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS


Et, quand j’ai prié Dieu pour tous ces petits anges
Qui n’ont point d’oreiller, moi j’embrasse le mien,
Et, seule en mon doux nid, qu’à tes pieds tu m’arranges,
Je te bénis, ma mère, et je touche le tien !

Je ne m’éveillerai qu’à la lueur première
De l’aube au rideau bleu ; c’est si beau de la voir !
Je vais faire, tout bas, ma plus tendre prière ;
Donne encore un baiser, douce maman ; bonsoir !

prière.

Dieu des enfants ! le cœur d’une petite fille,
Plein de prière, écoute, est ici dans tes mains.
Hélas ! on m’a parlé d’orphelins sans famille ;
Dans l’avenir, mon Dieu, ne fais plus d’orphelins !

Laisse descendre, au soir, un ange qui pardonne,
Pour répondre à des voix que l’on entend gémir ;
Mets, sous l’enfant perdu que sa mère abandonne,
Un petit oreiller qui le fera dormir !

Madame Desbordes-Valmore était née à Douai.

« J’ai été le dernier enfant de ma mère, et son seul enfant blond, m’écrivait-elle un jour, et j’ai été baptisée en triomphe à cause de la couleur de mes cheveux, qu’on adorait dans ma mère. Elle était belle comme une Vierge. On espérait que je lui ressemblerais tout à fait ; mais je ne lui ai ressemblé qu’un peu, et, si jamais j’ai été aimée, c’est certainement pour autre chose que pour ma grande beauté.

» Mon père était peintre en armoiries. Il peignait des équipages et des ornements d’église. Sa maison tenait au cimetière de l’humble paroisse de Notre-Dame de Douai. Je la croyais grande, cette chère maison, l’ayant quittée à sept ans, depuis, je l’ai revue, et c’est une des plus petites et des plus pauvres de la ville.