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Alors, à cette heure voilée,
Où l’ombre remplace le jour,
Quand les échos de la vallée
Redisent de doux chants d’amour,
Seul peut-être, au pied des collines,
D’où Rome sort de ses ruines,
Viendrais-tu sans chiens, sans troupeaux,
Et, regrettant ton ignorance,
Fuirais-tu les jeux et la danse,
Pour soupirer sur des tombeaux !

Pendant ce temps, M. Marle avait été obligé de renoncer à son journal, et nous avait proposé, à Adolphe et à moi, d’utiliser les deux ou trois cents abonnés qu’il avait, en faisant, pour ce noyau d’honnêtes gens, une publication mensuelle.

Après avoir longtemps agité la question de savoir si cette publication serait en prose ou en vers, nous décidâmes qu’elle serait en vers et en prose, et qu’elle aurait nom la Psyché.

C’était un admirable moyen pour moi de publier ce que j’écrirais désormais en prose ou en vers, sans faire imprimer de compte à demi.

Les vers ou la prose mis dans la Psyché ne rapportaient rien, mais aussi ils ne coûtaient rien.

Nous publiâmes, à cette époque, quelques charmants vers de madame Desbordes-Valmore et de madame Amable Tastu.

Voici les vers de madame Desbordes-Valmore :

Cher petit oreiller, doux et chaud sous ma tête,
Plein de plume choisie, et blanc, et fait pour moi,
Quand on a peur du vent, des loups, de la tempête,
Cher petit oreiller, que l’on dort bien sur toi !

Beaucoup, beaucoup d’enfants pauvres et nus, sans mère,
Sans maison, n’ont jamais d’oreiller pour dormir ;
Ils ont toujours sommeil… Ô destinée amère !
Cela, douce maman, cela me fait gémir…